Michel Delon
À 18 ans, j’ai brillamment raté mon bac, préférant écrire des chansons, monter une comédie musicale ou travailler dans un studio d’enregistrement associatif (prise de son et mixage) avec les musiciens pros de Nancy. Puis, du son de studio au son de scène… le théâtre m’a happé pendant 8 années passionnantes de régie, de créations lumière, de tournées et d’aventures artistiques, auxquelles il convient d’ajouter quelques digressions comme assistant-réalisateur pour des fictions ou de la pub…
À 27 ans, je démarre une deuxième vie professionnelle qui ne m’éloignera pas du monde du spectacle vivant. D’un côté journaliste et photographe pour le théâtre (particulièrement de rue), membre du Syndicat de la critique dramatique et musicale, je collabore avec la presse nationale et magazine aussi bien qu’avec des revues spécialisées ; de l’autre, je suis chargé de communication à l’Anrat (Association nationale de recherche et d’action théâtrale) basée à Paris.
En 1995 – j’ai 34 ans – à l’aube d’Internet, porté par la vague naissante de la PAO, je crée une agence de communication et de design graphique vouée majoritairement à l’accompagnement des mondes dans lesquels j’ai baigné : le théâtre, l’édition, la marionnette, la rue, les collectivités territoriales (les curieux trouveront une liste de ceux qui m’ont fait confiance ces 25 dernières années pour les accompagner dans leur communication à la fin du portfolio).
J’ai mis beaucoup de temps à comprendre que mon puzzle professionnel, à première vue totalement désordonné, trouvait sa continuité en associant espace et temps. Pourquoi ce besoin instinctif de chercher toujours un équilibre ténu entre spatialité et temporalité ? Je ne saurai le dire. Mais force est de constater que tous les métiers que j’ai exercés nécessitent de réfléchir et, d’une certaine manière, de maîtriser les rapports d’équilibre entre ces deux notions. La musique est éminemment une affaire de temps, de tempo, qui trouve sa réalité dans l’espace de la résonance, des harmoniques et de l’écoute ; en photo, le temps du déclenchement – et celui de l’obturateur – sont indissociables de ce que sera l’espace de l’image ; la lumière de théâtre, qui définit les espaces de la scène, n’est vivante et cohérente avec la mise en scène que grâce aux temps qui la rythme. Et le design graphique ? Il y aurait sans doute à sourire en se rappelant que ma première agence se nommait Temps d’espace et la seconde Concordance.s… Un designer graphique est confronté en permanence à la notion de temps dès qu’il réfléchit l’espace de sa mise en page, car l’équilibre visuel est en partie fonction du temps de la perception. J’y reviendrai plus longuement dans ce blog.
Nous sommes en 2020, lorsque je rédige ces lignes et j’ai 59 ans.